[La normalité, c'est quoi ? Une invention pour expliquer la discrimination ?]

J'ai changé, j'en suis consciente, mais si chaque personne restait bien cloîtrée dans son petit univers, le monde n'irait pas bien loin. Par ma façon de parler, d'agir, je choque certaines personnes qui me considéraient encore comme sage, comme la petite fille que j'étais il n'y a pas si longtemps, il y a une éternité. Je suis toujours une gamine par certains côtés, et je le resterais encore longtemps. J'ai changé, j'ai évolué, j'ai mûri. Certains trouvent que mon évolution est mauvaise, néfaste, qu'elle ne me mène pas vers ce qu'ils appellent le "droit chemin", moi je pense qu'il n'y a pas de droit chemin, qu'il n'y a que son propre chemin, celui que l'on trace tout au long de sa vie, semé d'embuches, d'obstacles, de carrefours. Je ne suis pas la même que celle que j'étais il y a deux ans, je ne suis pas la même que celle que j'étais il y a six mois, je ne suis pas la même que celle que j'étais hier, et je ne serais pas la même demain. Je bois en soirée, et alors ? Je tiens relativement bien l'alcool et boire ne me dérange pas dans la limite du raisonnable, je ne vais pas boire seule, simplement pour boire, je ne vais pas non plus boire pour suivre les autres. C'est bien plus complexe que cela. Je ne fume pas, mais je ne dis pas que je ne fumerais jamais, je n'en sais rien. Je ne fume pas, je me fais enfumée. Et ça ne me gène pas non plus, loin de là. J'agis parfois de façon irréfléchie, mais c'est ma manière d'être, c'est ce qui fait que je suis moi. J'ai beau savoir écrire sans mettre cinq fautes dans chaque mot, je ne suis pas une première de classe, une intello ou quoique ce soit dans le genre. Je fais des fautes, comme tout le monde, moins que certains, plus que d'autres, ça ne va pas plus loin. Je peux écrire des textes tristes à pleurer si l'envie m'en prend, mais je suis incapable de disséquer un texte dans les règles de cet art que je n'aime pas. Ne me considérez pas comme celle que je ne suis pas. Je suis Mia, Kumiko, Kumii, Pomme. Je suis moi. Pas une autre. Rares sont ceux qui me connaissent réellement, qui me comprennent également. Ils peuvent sans doute se compter sur les doigts d'une main. Et qu'est-ce que ça fait ? Je n'aime pas les rumeurs, elles me font apprendre des choses sur moi que j'ignorais. Est-ce logique ? Je ne crois pas. Je bois à l'occasion, je ne fume pas mais me laisse enfumer, et qu'est-ce que ça fait ? J'agis parfois spontanément, je suis tactile, mais je peux également être particulièrement timide, me faire oublier, m'éclipser sans que personne ne s'en rende compte. Et qu'est-ce que ça fait ? Je ne veux pas qu'on me mette dans des cases, que l'on me range selon les règles de la norme actuelle. C'est inutile, elle changera demain, elle change selon les personnes. Il n'y a pas de normes. Juste des idées reçues, des préjugés qui nous empêchent d'aller spontanément vers les gens qui nous paraissent étrangers. Personne ne nous ressemble, nous sommes étrangers à nous même, alors si nous devrions fuir des gens pour cette raison, où irait le monde ?

[C-ute - Campus Life]